I’ve tried to make this life my own, to find myself, I’ve searched alone. To let love go and let it in, I found it burning like a sin. I’ve worked it out, but learned it hard, it’s sad inside and life is out. Till I won’t settle down and watch either way.
SEPTEMBRE 2015
Calme, tout semblait si calme, tellement que cette quiétude avait incité Haytham Cassidy à prendre le temps de réfléchir. Il lui fallait un nouveau départ et donc un nouvel appartement, l’ancien ayant été partiellement (re)décorer par deux abrutis prétendument italiens qui avaient fait l’erreur de venir chercher des noises à un gars pas commode. Et c’est ce qu’il était, plus encore lorsqu’il se mettait en colère. Cependant, malgré la déculotté qu’il avait gentiment infligé aux deux hommes de main d’une caricature ubuesque du Parrain, Haytham savait qu’il devait faire profil bas au moins pendant quelque temps. Il opta donc pour un nouveau quartier avec l'appartement qui allait avec.
Sean, ami et gérant du pub dans lequel le fils de Mars exerçait ses talents de barman durant quelques soirées, tenait entre ses mains un carton et se demandait bien où le poser à présent. Haytham qui avait monté en une fois une bonne partie de ses affaires, se précipita vers son ami qui peinait à tenir l’imposant carton qui regroupait les souvenirs d’une vie passée. « - Laisse, je vais le prendre celui-là ! Il a une valeur toute particulière » avoua Hay à mi-mot en délestant son ami de l’imposant carton qu’il déposa sur la pille près de la fenêtre. Le propriétaire du pub en profita pour s’éponger le front sur lequel perlait déjà quelques gouttes de sueurs. L’ascenseur qui ne fonctionnait qu’une fois sur deux, ne lui avait pas rendu la tâche facile et à l’inverse de son camarade, le dénommé Sean éprouvait beaucoup plus de difficultés à grimper autant de marches avec des charges aussi imposantes dans les bras. D’ailleurs, il commençait à s’en plaindre, se demandant pourquoi son ami avait opté pour l’un des derniers étages de cet immeuble au lieu de se contenter du rez-de-chaussée. Amusé par la réflexion de son pote et désireux de se faire pardonner, le brun ténébreux avança vers le frigo qu’il avait branché la veille et en sorti deux bières. Il en balança une à son camarade en déclarant toujours sur le ton de la plaisanterie :
« -Tu ne voulais pas faire un peu d'exercice ? Et puis j'avais envie d'un peu plus de tranquillité. Ici c'est un luxe qu'on peut encore se payer. »
« Hauteur n'est pas synonyme de tranquillité tu sais ! »
« - De là où je viens si ! Et puis regarde la vue, ça en vaut très largement la peine. » Haytham satisfait de sa nouvelle habitation, observa son ami qui semblait quant à lui interloqué, ce qui ne manqua pas d'étayer la curiosité du sang-mêlé. « -Quoi? » dit-il en délestant sa bière d'une gorgée.
« Bah je me demandais comment tu avais fait pour monter le gros mobilier ?" » s'enquit de savoir Sean.
« - J'ai enfilé mon costume de superman, il est caché dans la penderie si tu veux le voir ! » Sean haussa un sourcil puis éclata de rire face à la boutade. Haytham ne pouvait se targuer d'être un comique, il avait son humour bien à lui et rare était ceux et celle qui y souscrivaient. Par chance, Sean faisait donc partie des « chanceux ». Les deux hommes se connaissaient depuis le retour d'Irak. Le propriétaire du pub avait d'ailleurs été le premier à tendre la main. Étant lui-même un ancien alcoolique, il n'avait pas jugé Haytham. Pour ça et pour la seconde chance dont il fut tributaire, le demi-dieu n'en était que plus reconnaissant. À n'en pas douter, l'attaque perpétrée par les humains au sein des deux colonies, n'avait en aucun cas changé la perception qu'Haytham se faisait des humains, bien au contraire, lui ne faisait pas l'amalgame et refusait de faire comme ses semblables.
« Dis, il y a un autre truc qui me taraude ! Comment as-tu fait pour avoir cet appartement ? »
« -J'avoue que ça n'est pas avec le salaire que tu me files... En fait, j'ai un autre boulot qui me permet d'arrondir mes fins de mois » déclara Haytham en terminant sa bière. Sean toujours aussi perplexe, leva un sourcil, mais ne posa pas d'autre question. À son tour, il termina sa boisson et consenti à laisser son ami profiter de son nouvel appartement. Sans perdre une seconde, le demi-dieu se précipita sur l'imposant amas de cartons qu'il déballa un à un pour faire un peu plus de place. Peu à peu, l'appartement prenait vie à la grande joie de son tout nouveau propriétaire qui redoublait d'efforts pour achever au plus vite la besogne. Il garda le meilleur pour la fin, le fameux carton trop lourd pour un simple mortel. Avec précaution, il l'ouvrit donc et en sorti quelques photos issues de ses différentes missions au Moyen-Orient et les quelques médailles qui allaient avec. Quelques bibelots sans intérêt, un voir deux livres... A force de fouiller, Hay trouva enfin ce qu'il cherchait. Du tréfonds de son carton, il sortit un épais album contenant un nombre conséquent de photographies. Le demi-dieu finit par s’asseoir sur son canapé et commença à feuilleter le livre de sa vie. Il vit sur les premiers clichés, le visage souriant d'une mère aimante qui savourait les premiers pas de son enfant. Puis l'immense part de son tout premier gâteau d'anniversaire. Il continua donc à tourner les pages de son album et tomba sur cette photo, ô combien précieuse. D'ailleurs, il l'a sorti de sa pochette en plastique et prit le temps de l'observer. Deux enfants s'amusaient ensemble tandis que leurs mères riaient aux éclats. Hay posa un doigt près du visage de la petite fille qui se trouvait à ses côtés. Elle souriait de bon cœur, un sourire à damner les dieux, mais aussi un sourire qu'il n'avait pas revu depuis une éternité et qui venait de lui réchauffer le cœur, en un instant. « -Tam » laissa-t-il entendre avec une pointe de nostalgie. Il posa la photo sur le rebord de la table, puis continua à tourner les pages de son album pour trouver d'autres clichés provenant de l'époque où lui et sa mère avaient posé leurs valises chez les Lond.
La Nouvelle-Orléans, il se souvenait encore de toutes ces couleurs, de ces saveurs, des grandes fêtes et des notes de jazz qui résonnaient à chaque coin de rue. L'époque était joyeuse tellement que l'on pouvait rêver sans crainte. Une époque où son cœur s'était mis à battre pour la toute première fois, car l'amour avait incontestablement pénétré sa vie. Le sourire de Tamara lui revenait peu à peu malgré les 28 années de séparation. Il se rappelait de certains détails comme cette petite cicatrice qu'elle arborait sur sa lèvre supérieure, comme on arbore un trophée de guerre. Puis il posa son regard sur une pile de lettres toutes adressées à Tam, mais qu'il n'avait jamais trouvé la force d'expédié. Il reprit la photo en main, se demandant presque naïvement ce qu'elle était devenue. Mais il ne put se résoudre à étayer sa réflexion, car son portable se mit à vibrer. « -Allô ! Oui, c'est moi ! Maintenant ? 4 000 dollars, vous êtes sérieux ? Bon bah ok, j'arrive ! » Un combat était prévu non loin de là. N'ayant pas de combattant sous la main, le bookmakeur attitré du demi-dieu, avait fait mandater l'un de ses contacts pour l'appeler et lui transmettre les coordonnés du lieu où était supposé se dérouler l'affrontement. Sans plus attendre, Hay récupéra son sac, y glissa quelques affaires et quitta les lieux. Lunettes de soleil sur le bout du nez, il rejoignit sa voiture, posa son sac sur la banquette arrière, démarra et s'éloigna sans trop savoir ce qui l'attendait, mais animait par la motivation de s'en foutre plein les poches.
(c) DΛNDELION
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Ô douces retrouvailles
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